Chronique sur Colectivo
Stéréo-Séquence, le 10 novembre 2013 (mis en ligne le 4 décembre 2013)
Montréal. Ceux qui ne vivent pas sur ton île te connaissent mal, te jugent. On te dit sale, laide, surpeuplée de gens bizarres, d’itinérants, d’immigrants, d’anglophones, de pigeons et d’écureuils gros comme des chihuahuas. On raconte que tes trottoirs sont jonchés de détritus puants. Que tes parcs sont tapissés de seringues. Que tes ruelles, si jolies soient-elles, sont le repaire idéal des violeurs, des criminels.
C’est lorsque l’on partage notre
quotidien avec toi que l’on t’apprécie. Que l’on découvre ta beauté à travers
les personnes que l’on rencontre. Tes nombreux quartiers, tous différents,
parfois crades oui, sont souvent inspirants. Chez toi, nos papilles peuvent
faire le tour de la planète en une semaine. Tu es une ville cosmopolite, ouverte
sur le monde.
Montréal, tu es aussi une cité
peuplée d’artistes. Un véritable concentré de créativité. Tenez, juste
aujourd’hui, les garçons et moi avons visité deux immeubles remplis de locaux
dédiés à l’art. Des ateliers créatifs, comme celui du Chat des artistes, où nous
n’avions pas assez de nos dix yeux pour nous repaître des trésors fabriqués par
les sculpteurs, peintres et autres joailliers qui occupent les lieux.
Nous devions d’ailleurs tourner
une capsule avec Colectivo à la boutique-atelier du gentil luthier Rémi
Brousseau. Mais un malentendu avec le band nous a plutôt dirigés vers la
mythique Cité 2000. Le regard de Jimmy pétillait d’excitation! Cet immense édifice
sécurisé est, apparemment, the best place à Montréal pour pratiquer la
musique. Nous longeons les couloirs, étourdis par les décibels qui transpercent
chacune des portes, incrédules de vivre ce moment inattendu.
À notre arrivée au local 419, les
membres de Colectivo y sont déjà, fins prêts à nous en mettre plein les
oreilles. Nous aurons droit à un band réduit en nombre, c’est dimanche et
plusieurs d’entre eux ont des obligations familiales. C’est une chance, en
somme : je ne sais pas comment nous aurions pu tous nous entasser dans ce
lieu chargé d’instruments, amplis et autres cossins essentiels à la création
(un «frigibière», entre autres).
Ils sont beaux à voir, Colectivo!
Ils paraissent unis, soudés, la connexion entre eux se sent tout de suite. Pas
étonnant, après plus de 10 années à jouer ensemble! Ils ont vraiment du gros
fun et leur énergie festive me rentre dedans. C’est ensoleillé et rythmé comme ce
n’est pas permis. Je ne peux m’empêcher de taper du pied et de rouler des
hanches. Je me surprends à rêver de palmiers, de sable qui brûle les pieds et
d’eau salée qui pique les yeux. Puis, à la fin, je pense à Tadoussac et j’ai
carrément le goût de partir sur une dérape. Si ce n’était qu’on doit reprendre
la route vers Québec tout de suite après, j’écluserais quelques bouteilles de
Corona.
C’est ça, la puissance de ce collectif de
musiciens issus de la scène alternative montréalaise : nous donner une solide
envie de faire la fiesta.