Chronique sur
Avec pas d'casque
Stéréo-Séquence, le 17 novembre 2012
Samedi, 9h. Le
sommeil tente de me faire rester au lit. J’ai faim d’une matinée bien grasse,
au chaud sous les couvertures avec mon homme. Mais quand je me rappelle pourquoi
la paresse n’est pas de mise aujourd’hui, je me dis qu’il y a des réveils pires
que ça dans la vie.
Parce qu’en ce
matin ensoleillé, je vais avoir la chance d’entendre (et de voir) un de mes
bands préférés interpréter une nouvelle toune.
Les garçons me
donnent rendez-vous à la
Coop Le Bloc 5, à Limoilou. Coopérative d’artistes en arts
visuels, Le Bloc5 est avant tout un lieu de travail. Et ça se voit. Le local
croule sous le matériel (et les matériaux) : bois, pots de peinture,
maquettes, sculptures grandeur nature autant que miniatures... Un vrai
capharnaüm. Mais c’est ultra sympa. Et je suis bien accueillie par Jean-Robert
Drouillard, un artisan épatant qui assez de talent pour transformer un morceau
d’arbre en œuvre d’art.
Donc, c’est
bordélique mais sympathique, et malgré la basse température qui règne dans le
local, l’ambiance est chaleureuse. Je tente tout de même de me réchauffer avec
un thé, pendant que les membres de la formation qui a rempli le Cercle à sa
pleine capacité la veille se font juste un petit peu attendre, en train de
déjeuner quelque part en ville. Les garçons, eux, tentent de s’en remettre, du
show de la veille (#tropbudebières).
C’est drôle,
tout le monde semble avoir trop fêté hier. Espérons que les musiciens d’Avec pas d’casque seront en forme…
Il s’avère qu’ils
ont l’air plus guilleret que nous. L’habitude, j’imagine.
Ils font leur
entrée, et je dois avouer que je suis un peu gênée. Il y a toujours ce moment
flou entre l’arrivée des artistes et la rencontre, qui se fait au gré des notes
qui s’égrènent devant la
caméra. Mais j’imagine qu’ils doivent ressentir pas mal plus
de timidité que moi, qui n’ai qu’à m’imprégner de l’expérience et à le décrire
en mots, sans public pour me dévorer des yeux.
Les instruments
et leurs maîtres s’installent. Je retiens un fou rire en voyant celui qui
tintera de ses bâtons l’imposant vibraphone : il se délecte d’un Ring Pop…
Vous savez, cette fameuse bague-bonbon en forme de diamant que l’on portait au
doigt quand on était petit? Il le garde à son auriculaire, même pendant qu’il
joue! Des souvenirs d’étés passés au terrain de baseball, à dépenser mon p’tit
change au «batstop», jaillissent de ma mémoire. Ça me rend un brin nostalgique.
Je retiens mon
souffle. La musique remplace le silence qui s’était installé.
Le voyage commence.
La prestation
est divinement envoûtante et m’emporte vers un champ étoilé, loin, là où le
ciel orangé de la ville n’existe pas, où le chant des grillons nous berce. Ou
encore mieux, celle de Stéphane Lafleur,
enveloppante et belle, sa langue récitant des mots simples mais magnifiques,
chargés de sens. C’est magique. Le lap steel ajoute à la mélancolie de Walkie-talkie, tandis que le baryton lui
apporte un côté plus sombre, le tout parsemé de quelques notes de vibraphone et
de battements de cœur.
Je sens qu’elle
va réchauffer mon hiver, et je sais qu’elle jouera en boucle l’été prochain, dans
le coin de Tadoussac, ou encore sur la route vers la Gaspésie …
En attendant, je
fais un arrêt au dépanneur. Et hop, un Ring Pop.
– Julie
Bouchard