25 novembre 2013

On a créé UN MONSTRE à Stéréo-Séquence

Chronique sur On a créé UN MONSTRE
Stéréo-Séquence, novembre 2013

Début novembre. Il tombe des peaux de lièvres sur Québec alors qu’ici, à Montréal, on a les pieds dans la flotte et les os rongés par l’humidité. Vous avez bien lu : Montréal. Stéréo-Séquence étend ses tentacules hors les murs de la Vieille Capitale.

Je me rends rue Ontario rejoindre les garçons pour notre premier tournage de la journée. Je ne suis pas tout à fait réveillée. C’est qu’il est 9 h du matin, quand même. Et la nuit a été courte : il y avait longtemps que j’avais vu ma bonne amie Marie-Soleil, qui a eu la gentillesse de m’offrir le gîte tout le week-end.

En attendant, j’inspecte les alentours de ce gros immeuble blanc dont le béton semble s’effriter par endroits. Derrière, tout un réseau de voies ferrées s’enchevêtrent. J’apprends plus tard que la bâtisse, qui abrite aujourd’hui une multitude de locaux d’artistes, appartenait autrefois au CN. D’où les rails et les wagons en guise de paysage.

Voilà enfin les garçons, café fumant à la main, suivis par les membres du groupe On a créé UN MONSTRE. Dans leur boost matinal à eux, quelques onces de Sortilège pour se mettre dedans. C’est ça, le rock n’roll.

On se regroupe au quatrième étage, dans le studio photo de l’agence Matonvu.ca. Le local est lumineux avec ses immenses fenêtres à carreaux qui projettent une vue splendide sur l’est de la métropole. Mon regard se pose sur les immeubles disposés en rangées bien droites, les commerces de la Promenade Ontario et le Stade olympique qui se profile au loin. C’est très industriel comme décor. Je regrette mon Diana Mini : ça aurait fait de belles images.

Les garçons installent leur équipement, les musiciens se positionnent avec leurs instruments. Pour se réchauffer un peu, ils entament Sweet Child O’Mine de Guns’N’Roses, N’importe quoi d’Éric Lapointe, Take My Breath Away de Berlin… C’est l’hilarité générale.

Mais bon, assez fanfaronné, on a une capsule à tourner. Une première, puis une deuxième prise : les musiciens sont plus ou moins satisfaits de leur performance. C’est qu’ils ont peu dormi hier, apparemment. D’où le choix de la pièce La fatigue, peut-être? Mais si la nuit d’Antoine Lachance a été aussi brève que la mienne, sa voix puissante et tissée d’émotion brute n’en laisse rien paraître. Ghislain Lavallée (percussions) et François Larivière (guitare acoustique) me semblent eux aussi en grande forme.

Après trois ou quatre prises, on sent tout à coup que la prochaine sera la bonne. Les gars du band sont confiants; la chimie entre eux, parfaite, est palpable. Je plonge dans leur univers, me laisse bercer par la musique, les mots. Ce solo de guitare électrique, carrément envoûtant, suivi de cette montée dramatique juste avant la fin, où tout s’arrête…

Et cette mélodie! Elle accroche, elle s’accroche, elle tourne en boucle longtemps encore après la dernière note. Et c’est tellement plus agréable que d’avoir N’importe quoi dans la tête.